Canadian Cardiovascular Society
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Les progrès réalisés dans la prise en charge d’une maladie « sous-reconnue, sous-diagnostiquée et sous-traitée » permettront de sauver la vie et les membres de milliers de Canadiens.

19 avril 2023
MAP

Une mise à jour importante des lignes directrices de la Société cardiovasculaire du Canada (SCC) sur le traitement de la maladie artérielle périphérique met en lumière de nouvelles approches importantes en matière de soins

De meilleurs diagnostics et traitements médicamenteux, une meilleure gestion du mode de vie et de nouvelles interventions chirurgicales font partie de la première mise à jour majeure (depuis près de vingt ans) des lignes directrices de pratique clinique en matière de maladie artérielle périphérique (MAP), une affection grave qui touche plus de 800 000 Canadiens.

Malgré la prévalence croissante de la MAP, qui se caractérise par l’obstruction et l’endommagement des vaisseaux sanguins dans les membres, cette dernière est « souvent sous-reconnue, sous-diagnostiquée et sous-traitée », déclare la Dre Beth Abramson, coprésidente du groupe d’experts des Lignes directrices de la Société cardiovasculaire du Canada sur la maladie artérielle périphérique.

Les vaisseaux sanguins endommagés dans les membres privent le cœur de sang et entraînent la survenue de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.

« Nous savons que si vous présentez des vaisseaux sanguins malades dans vos jambes, vous avez un risque élevé de contracter une maladie des vaisseaux sanguins dans votre cœur ou dans les artères qui se rendent au cerveau », explique la Dre Abramson, professeure titulaire de la chaire Paul Albrechtsen en prévention cardiaque et santé des femmes et professeure agrégée de médecine à l’Université de Toronto. « Plus le nombre de lits vasculaires touchés est important, plus le résultat sera mauvais. »

Le défi posé par la MAP est qu’elle est souvent difficile à détecter. Contrairement aux douleurs thoraciques résultant d’une obstruction du cœur, les vaisseaux endommagés dans les membres ne provoquent généralement pas de symptômes que les patients considèrent comme potentiellement graves. Elle provoque des symptômes tels que la fatigue, des douleurs ou des crampes dans la jambe qui disparaissent avec le repos.

La bonne nouvelle est que lorsqu’elle est diagnostiquée, il est possible de la traiter chez les patients à risque élevé à l’aide de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies, ainsi qu’en effectuant de nouveaux changements de comportement importants qui s’appuient sur des données probantes.

« Nous disposons d’un grand nombre de combinaisons d’antiplaquettaires et d’antithrombotiques et de médicaments hypocholestérolémiants, et il a été démontré que ceux-ci réduisent les symptômes graves et les événements indésirables majeurs des membres, tels que l’amputation, chez les patients issus de cette population », explique la Dre Abramson. « Nous savons que, du point de vue de la qualité de vie et de sa durée, le risque de décès et d’invalidité est très élevé lorsque le patient subit une amputation. »

Les lignes directrices constituent un appel à l’action pour les dispensateurs de soins de première ligne et comprennent les six points suivants :

  • Évaluez et demandez. Les patients qui fument, ceux qui souffrent de diabète, d’hypertension artérielle et d’un taux de cholestérol élevé, ainsi que les personnes âgées de plus de 50 ans, présentent le risque le plus élevé. « Nous pouvons faire la différence si nous posons les bonnes questions lors de la prise en charge des patients atteints de la MAP », affirme la Dre Abramson. Interrogez les patients sur la claudication (gêne ou fatigue des membres à la marche). Elle est liée à de graves problèmes cardiovasculaires.
  • Effectuez les examens vasculaires appropriés. Si vous croyez qu’une personne est atteinte d’une maladie des vaisseaux sanguins ou qu’elle présente un risque élevé, évaluez l’indice tibio-brachial, il s’agit d’un test peu coûteux et non effractif qui consiste à mesurer la TA systolique au niveau du bras et de la cheville lorsque le patient est allongé sur le dos. Les lignes directrices fournissent des outils et des vidéos sur l’indice tibio-brachial à l’index.
  • Insistez sur la nécessité de faire de l’exercice, et encouragez les patients à se dépasser en marchant jusqu’au point de douleur. « Nous savons que la marche régulière favorise la fonction des vaisseaux sanguins et permet aux gens de marcher sur de plus longues distances à long terme », explique la Dre Abramson.
  • Aidez les patients à arrêter de fumer. De tous les facteurs de risque, l’exposition au tabac par l’intermédiaire de la cigarette est celui qui est le plus fortement associé à la survenue et à la progression de la MAP et des complications qui s’y rattachent. Bien qu’il s’agisse toujours d’un défi pour les prestataires de soins de santé, les approches cliniques comprennent des conseils intensifs et une thérapie pharmacologique (des thérapies de remplacement de la nicotine telles que la gomme et les timbres; du bupropion à la varénicline, en passant par les cigarettes électroniques contenant de la nicotine).
  • Veillez à ce que la tension artérielle, les lipides et la glycémie soient traités et contrôlés. « Il existe des médicaments plus récents pour traiter les patients à risque élevé en plus des changements de comportement qui, comme nous le savons, sont importants et s’appuient sur des données probantes », déclare la Dre Abramson. « Nous devons traiter les patients atteints de la MAP à l’aide de médicaments en plus d’apporter des changements à leur mode de vie et de leur prescrire des antiplaquettaires, des antithrombotiques, des médicaments anticholestérols tels que les statines, l’icosapent éthyl, les inhibiteurs de l’ECA et, le cas échéant, des médicaments anticholestérols plus puissants tels que les inhibiteurs de la PCSK-9. »
  • Réfléchissez au moment où les procédures de pontage et de revascularisation sont nécessaires, et au moment où il convient d’orienter les patients vers une chirurgie vasculaire. L’urgence est requise en cas d’orteils bleus ou noirs, d’ulcères ou de claudication intermittente importante qui affecte la qualité de vie.
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