Canadian Cardiovascular Society
Article

Une nouvelle stratégie de traitement de l’insuffisance cardiaque bouleverse les traitements conventionnels et sauve des vies

Une nouvelle méthode « transformatrice » de gestion de l’insuffisance cardiaque, une affection courante, mais complexe, permet à un plus grand nombre de Canadiens d’éviter l’hospitalisation et de vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Les Lignes directrices sur l’insuffisance cardiaque de 2021, publiées au printemps par la Société canadienne de cardiologie (SCC) et la Société canadienne d’insuffisance cardiaque (SCIC) bouleversent le traitement conventionnel de l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite (ICFER), une affection où le côté gauche du cœur a de la difficulté à faire circuler le sang.

Dr Sean Virani

Selon le Dr Sean Virani, chef de la division de cardiologie à Providence Health Care, ancien président de la SCIC et membre du Conseil de la SCC, le principal aspect nouveau et intéressant de ces Lignes directrices est la recommandation d’administrer les quatre pharmacothérapies classiques aux personnes atteintes d’une ICFER dès le départ, au lieu d’utiliser une approche par étapes. Le Dr Virani a coprésidé le groupe d’experts de la SCC qui a élaboré les Lignes directrices sur l’insuffisance cardiaque de 2021.

« Grâce à cette nouvelle approche, nous verrons des milliers de patients au Canada affichant des résultats améliorés. Sur le terrain, nous en voyons les bienfaits littéralement tous les jours. »

Selon le Dr Virani, les nouvelles recommandations sur le traitement de l’ICFER ont été élaborées grâce à l’évolution rapide de la science et des données dans ce domaine. « Les essais cliniques sont abondants et les nouvelles informations nous ont obligés à redéfinir les meilleurs soins offerts à ces patients. »

Avant de publier la mise à jour, le groupe d’experts de la SCC et de la SCIC a rigoureusement examiné et évalué toutes les données probantes, concluant que la mise sur pied du traitement précoce par association de médicaments était une modification nécessaire et essentielle de l’approche normalisée actuelle.

« La nouvelle approche a démoli notre ancien algorithme de traitement des patients souffrant d’insuffisance cardiaque… C’est une vraie transformation. Nous sommes un chef de file à l’échelle mondiale », déclare le Dr Virani. Un récent éditorial du New England Journal of Medicine a fait l’éloge de l’approche canadienne, qui a également été adoptée dans les lignes directrices européennes.

Après avoir effectué un traitement à l’aide de quatre classes fondamentales de médicaments, les cliniciens utilisent une approche personnalisée afin d’adapter le niveau de soins suivant aux besoins et aux caractéristiques de chaque patient.

L’insuffisance cardiaque est l’une des affections les plus répandues et les plus coûteuses auxquelles fait face le système de soins de santé du Canada. Plus de 600 000 Canadiens souffrent d’une insuffisance cardiaque, et plus de 90 000 personnes reçoivent un diagnostic d’insuffisance cardiaque chaque année. Ces chiffres ne cessent d’augmenter au fur et à mesure que la population vieillit.

Une personne souffrant d’insuffisance cardiaque a un cœur endommagé ou affaibli qui ne pompe pas aussi fort qu’il le devrait. L’insuffisance cardiaque peut être due à une crise cardiaque, à une hypertension artérielle, à une raideur du muscle cardiaque, à une infection ou à une inflammation du cœur, à une anomalie des valvules cardiaques, à un problème de rythme cardiaque, à la consommation d’alcool ou à une cause inconnue.

Dr Simon Kouz

« L’insuffisance cardiaque est l’une des principales causes de débordement dans les services d’urgence et d’admission et de réadmission à l’hôpital », déclare le Dr Simon Kouz, cardiologue communautaire du Centre hospitalier de Lanaudière, au Québec. Avec l’expérience récente de la COVID-19, dit-il, les hôpitaux doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour garder les gens à l’extérieur des salles d’urgence et dans la communauté.

« Les nouveaux éléments des Lignes directrices sur l’insuffisance cardiaque de 2021 changent complètement la donne et permettront de réduire de moitié le taux de réadmission à l’hôpital, d’aider à gérer les patients souffrant d’insuffisance cardiaque en milieu extrahospitalier et d’améliorer l’utilisation des ressources des hôpitaux », explique le DrKouz. « Nous pouvons sauver des vies. »

Les recommandations actualisées s’appuient sur les lignes directrices exhaustives élaborées antérieurement. Il avait fait partie des groupes d’experts qui avaient travaillé dessus.

« Étant donné le pourcentage de la population souffrant d’insuffisance cardiaque peut atteindre 4%, le fardeau de cette maladie pèse non seulement sur les patients, mais aussi sur les soignants, l’économie et les budgets du système de santé, » ajoute le Dr Virani.

« Voilà pourquoi les Lignes directrices sont vraiment importantes. Lorsqu’il s’agit de soigner les maladies complexes, les cliniciens doivent pouvoir accéder facilement aux meilleures données probantes, conservées sous une forme utilisable, afin d’avoir la possibilité de fournir les meilleurs soins possibles à leurs patients. »

Un autre avantage de l’actualisation des Lignes directrices sur l’insuffisance cardiaque de la SCC/SCIC consiste à fournir aux prestataires de soins pour l’insuffisance cardiaque des informations permettant d’évaluer le rendement par rapport aux références, d’évaluer la qualité des soins dispensés et de défendre les intérêts de leurs patients à l’aide de données utiles. « Nous constatons qu’il existe des variations importantes entre provinces et territoires », déclare le Dr Virani, qui souhaite qu’une infrastructure nationale de données sur l’insuffisance cardiaque soit mise sur pied afin de pouvoir faire le suivi des améliorations et relever les lacunes.

Rody Pike

Les variations d’une région à l’autre sont également un sujet de préoccupation pour Rody Pike, infirmier praticien à St. John’s, T.-N.-L., qui travaille dans une clinique externe spécialisée dans l’insuffisance cardiaque. Les Lignes directrices doivent atteindre tous les prestataires de soins de santé, « qu’ils se trouvent dans une petite communauté de 20 personnes ou dans une zone urbaine de cinq millions d’habitants. Les patients devraient bénéficier des meilleures thérapies médicales possibles pour l’insuffisance cardiaque, quel que soit leur lieu de résidence au Canada. »

« Bien que l’insuffisance cardiaque soit une maladie non transmissible, elle touche tous les membres de la famille », déclare M. Pike, qui est membre du comité exécutif de la SCIC et coprésident de son conseil du personnel infirmer et des professionnels paramédicaux. « Une fois le diagnostic d’insuffisance cardiaque posé, les familles du patient sont touchées par les rendez-vous, les changements de mode de vie, la gestion de la maladie et les absences du travail du patient. Nous essayons d’englober l’ensemble de la famille dans les stratégies de soins. »

Pour ce qui est du personnel infirmier et des professionnels paramédicaux, les Lignes directrices les aident à comprendre les nouvelles thérapies, à les mettre en application et à appuyer leur mise en œuvre, dit-il. « Il est tellement important d’avoir une boîte à outils pour aider à établir un plan de traitement. »

Il prend souvent le temps de passer en revue les Lignes directrices sur le traitement avec le patient et sa famille et, sur demande, les renvoie au site Web de la SCC, où ils peuvent consulter les Lignes directrices publiées. « Notre objectif consiste toujours à fournir la meilleure thérapie médicale possible aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque », déclare M. Pike.

La nouvelle approche de soins aux personnes atteintes d’ICFER donne déjà des résultats dans la province la plus à l’est du Canada. « Il n’y a pas de jour plus heureux que celui où l’on peut s’asseoir avec un patient pour lui dire que sa fonction cardiaque s’est considérablement améliorée grâce au nouveau régime », dit-il.

La version intégrale des Lignes directrices de la SCC/SCIC sur l’insuffisance cardiaque (2021) est disponible dans la Collection des lignes directrices de la SCC.

La SCC propose un certain nombre d’outils pratiques à l’appui des Lignes directrices, tels que le Guide de poche sur l’IC et les webinaires sur demande. Ces outils présentent des recommandations en matière de diagnostic et de prise en charge fondées sur les Lignes directrices complètes de la SCC sur l’IC (2017) et sur les mises à jour des Lignes directrices de la SCC/SCIC sur l’IC (2020 et 2021).

Des supports supplémentaires, tels qu’une application Web et un site Web interactif, viendront s’ajouter à notre liste croissante d’outils d’application des connaissances.

Back to top