Canadian Cardiovascular Society

Le plus grand remaniement des directives de pratique en une décennie consolide les derniers résultats de la recherche et préconise une approche holistique pour les soins aux patients

Selon le coprésident du groupe d’experts multidisciplinaire qui a élaboré les plus récentes lignes directrices en matière de traitement, les cliniciens doivent considérer la fibrillation auriculaire comme étant plus qu’un trouble du rythme cardiaque isolé, car elle signale le besoin urgent d’une approche beaucoup plus large des soins aux patients.

Les 10 principaux points à retenir

Dans ce qui est la révision la plus solide des recommandations de pratique en une décennie, les lignes directrices canadiennes sur la fibrillation auriculaire (FA) préconisent de considérer la FA comme un symptôme d’une maladie cardiovasculaire plus importante et plus complexe. Selon le Dr Jason Andrade, cardiologue à Vancouver et coprésident des lignes directrices sur la FA, le moyen le plus efficace de lutter contre la FA consiste à aller au-delà du trouble du rythme cardiaque et à gérer les facteurs de risque cardiovasculaire. « C’est un changement philosophique majeur. »

Dr Jason Andrade

Les lignes directrices mettent fortement l’accent sur la prise en charge de l’hypertension artérielle, du diabète, de l’obésité, de l’inactivité physique, de l’apnée du sommeil et d’autres facteurs de risque. En plus de fournir les dernières informations sur les thérapies médicamenteuses et les nouvelles technologies, les recommandations préconisent également la création de cliniques multidisciplinaires spécialisées pour traiter les personnes atteintes de FA de manière holistique afin d’améliorer leur santé et leur bien-être général.

« Nous sommes de plus en plus conscients que la fibrillation auriculaire est une maladie complète touchant plusieurs systèmes », explique le Dr Andrade. « Les personnes atteintes de fibrillation auriculaire présentent généralement d’autres facteurs de risque cardiovasculaire et des affections cardiaques. Si nous mettons l’accent uniquement sur l’arythmie, le rythme cardiaque anormal, nous ratons une énorme occasion d’améliorer la qualité et l’espérance de vie. »

Même si le concept de prise en charge des facteurs de risque a été introduit en 2018, les dernières recommandations élargissent l’accent et soulignent la nécessité d’une action à grande échelle.

Près d’un million de Canadiens vivent avec la fibrillation auriculaire, un rythme irrégulier ou une fréquence cardiaque rapide. Cette épidémie croissante peut entraîner des journées de travail perdues, des accidents vasculaires cérébraux importants et invalidants, une insuffisance cardiaque, de l’anxiété, une dépression et une réduction de l’espérance de vie.

« Si l’on examine les données nord-américaines, on constate des taux de fibrillation auriculaire beaucoup plus élevés que dans d’autres régions du monde », explique le Dr Andrade. Dans la population générale, le taux est passé de 1 à 3 % ces dernières années. Chez les personnes de plus de 80 ans, le taux de FA peut atteindre 10 %.

En plus des coûts humains, la fibrillation auriculaire et les soins qui y sont liés absorbent chaque année un budget de soins de santé estimé à 1 milliard de dollars.

Élaborées par un groupe d’experts pancanadien qui a examiné méticuleusement les résultats de 10 années de recherche, les plus récentes Lignes directrices exhaustives de la Société canadienne de cardiologie et de la Société canadienne de rythmologie pour la prise en charge de la fibrillation auriculaire centralisent les connaissances les plus récentes dans un format consultable avec des recommandations et des graphiques faciles d’accès.

« Les lignes directrices sont conçues pour être une ressource complète permettant aux cliniciens de répondre à la plupart des questions rencontrées dans la pratique », explique le Dr Andrade. « Elles se veulent être la ressource de référence pour les spécialistes canadiens, les praticiens de soins primaires, les pharmaciens, les urgentologues et les neurologues – essentiellement toute personne susceptible de rencontrer des patients atteints de fibrillation auriculaire – afin de les guider pour leur fournir les meilleurs soins possibles. »

Dre Kori Leblanc

La Dre Kori Leblanc, spécialiste en pharmacie du Réseau universitaire de santé, membre du groupe d’experts, explique: « L’un des objectifs du reconditionnement de l’ensemble de cette mise à jour de 10 ans est de tout inclure en un seul endroit. »

En plus de l’accent mis sur les facteurs de risque, les nouvelles lignes directrices mettent l’accent sur:

  • la nécessité de dépister la fibrillation auriculaire lors des visites médicales de routine des personnes âgées de 65 ans et plus, en particulier en présence de facteurs de risque connus;
  • la nécessité d’avoir des cliniques de FA intégrées et multidisciplinaires, axées sur l’ensemble du patient. Le fait d’avoir des pharmaciens, des diététiciens, des physiologistes de l’exercice et des médecins dans une clinique multidisciplinaire ciblant les affections à risque qui mènent à la FA présente de grands avantages;
  • des avancées avec des médicaments antithrombotiques pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux, ce qui est particulièrement important, car les accidents vasculaires cérébraux causés par la FA sont généralement plus importants, plus graves et plus susceptibles d’entraîner un handicap significatif, une institutionnalisation ou le décès. Au cours des dix dernières années, de nouveaux schémas thérapeutiques anticoagulants ont permis de réduire considérablement le risque d’accident vasculaire cérébral sans augmenter le risque d’hémorragie par rapport à la norme de soins précédente;
  • de nouvelles données sur la meilleure façon de soutenir la prévention des AVC chez les patients complexes, ainsi que la prescription et l’ajustement de l’anticoagulation. Cela comprend les patients ayant une coronaropathie, des endoprothèses, des maladies chroniques des reins ou du foie, et une obésité;
  • une meilleure compréhension de la façon de ramener les patients à un rythme cardiaque normal par le biais d’une thérapie de cardioversion pharmacologique ou électrique, de médicaments antiarythmiques et d’une ablation par cathéter;
  • des améliorations des interventions comme l’ablation par cathéter. L’ablation par cathéter, qui élimine les déclencheurs dans le cœur, a considérablement évolué au cours des dix dernières années et devrait être un traitement de première intention pour les patients admissibles.

Des lignes directrices claires et accessibles sont particulièrement importantes, car la FA est « un problème de santé publique majeur », déclare le Dr Chris Cheung, cardiologue et membre du panel des lignes directrices. « Il y a eu tellement de changements dans la prise en charge et le diagnostic au cours de la dernière décennie. Ces lignes directrices résument notre compréhension actuelle de la FA et fournissent des recommandations sur la façon d’améliorer les vies. »

Dr Chris Cheung

Une chose est très claire: plus tôt la FA peut être traitée et gérée, mieux c’est. Si la FA persiste, elle peut entraîner le développement de tissu cicatriciel dans le cœur et des modifications de la structure cardiaque, ce qui rend plus difficile le maintien d’un rythme normal. « Un rythme normal peut conduire à de meilleurs résultats, notamment moins d’accidents vasculaires cérébraux, d’hospitalisations et de décès. L’objectif est vraiment de déterminer les personnes à un stade précoce du processus de la maladie », explique le Dr Cheung.

La fibrillation auriculaire est compliquée et souvent mal comprise. Pour certaines personnes, les symptômes sont accablants et, pour d’autres, ils sont inexistants. Dans le même temps, la fibrillation auriculaire évolue et change, passant d’un état épisodique à un état persistant, puis finalement permanent.

En plus de prendre en charge les médicaments complexes, les pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans la détermination et la prise en charge des facteurs de risque de la fibrillation auriculaire, car ils sont les prestataires de soins de santé les plus accessibles et participent souvent déjà au soutien régulier du patient pour des choses comme son diabète ou son hypertension, dit la Dre Leblanc.

La Dre Leblanc a compilé et publié une liste des principaux points à retenir qui s’adresse spécifiquement aux pharmaciens. Il est publié dans la Revue des pharmaciens du Canada. Les informations sur la façon de prendre en charge les circonstances particulières liées à l’anticoagulation et sur la façon d’aborder la prévention des accidents vasculaires cérébraux sont particulièrement applicables à la pratique pharmaceutique.

« L’approche de toute l’équipe consiste à prendre en charge les symptômes de nos patients et à optimiser leur qualité de vie, à prendre en charge leur risque d’AVC en utilisant la meilleure stratégie de prévention pour eux et à essayer de les garder hors de l’hôpital », dit-elle.

Consultez les plus récentes lignes directrices du Journal canadien de cardiologie et visitez le site de la ccs.ca pour les dernières mises à jour et les outils d’application des connaissances.

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